Pour Marie Tilliere, vice-présidente du syndicat étudiant la Fage, le constat est simple : « le budget santé est le premier dans lequel les étudiants coupent ». Le coût de la rentrée étudiante 2013-2014 est en augmentation de 1,6 à 2% par rapport à sa devancière, selon les chiffres publiés le 19 août par les principaux syndicats étudiants. Parmi eux, la santé est l’un des postes les plus préoccupants, avec 33% d’étudiants qui renonçaient aux soins médicaux en 2010, dont 12% en raisons d’un manque de moyens financiers*. « Nous avons aujourd’hui 85% des étudiants qui sont en bonne santé, explique Marie Tilliere, en charge des affaires sociales. Or cette impression implique que l’on renie plus les soins, au profit de son bien-être matériel -appartement, alimentation-. On ne va consulter que lorsque l’on a vraiment un gros problème, mais on ne va pas faire ses soins dentaires ou, pour les filles, on ne va pas chez le gynécologue régulièrement. » En cause notamment, selon les syndicats, les délais de remboursement, parfois très longs, qui rebutent même les étudiants couverts par une mutuelle. « Même remboursés, certains n’ont pas envie d’avancer 70 ou 80 euros, d’où une tendance à l’auto-médication pour 61% d’entre eux », confirme Joffrey Houdoux, co-administrateur de la Smerep, l’un des principaux réseaux de mutuelles étudiantes. « 20 euros, ça ne paraît rien, mais c’est énorme au sein d’un budget étudiant de plus en plus serré », renchérit la Fage, pour qui « le simple remboursement de frais de santé peut mettre en difficulté un étudiant sur plusieurs mois ».
538 euros par mois pour un étudiant francilien
Les mutuelles ne sont pas épargnées par les rapports publiés par les syndicats étudiants. En plus de la sécurité sociale étudiante obligatoire, qui passe de 207 euros en 2012 à 211 euros cette année, les contrats de complémentaires santé augmentent de 15% selon la Fage. Une hausse de 38% depuis 2003, supérieure à celle des droits d’inscriptions (+23% sur dix ans) ou même des fournitures (+30%). Il faudra ainsi débourser 274.50 euros en moyenne pour bénéficier d’une complémentaire. Une compensation financière de la santé -elle aussi- précaire des mutuelles étudiantes, selon le syndicat, qui prône, notamment, « un travail sur l’accès au tiers-payant pour les étudiants, que beaucoup de médecins refusent en raison des délais de remboursement ». Il y a urgence à faire évoluer le système, s’accordent à dire l’ensemble de ses acteurs. « On ne pense qu’à la santé physique, mais il y a aussi la santé mentale, appuie t-on du coté de la Smerep. Beaucoup d’étudiants souffrent de dépression, de stress voire pensent au suicide ». Avec un bugdet moyen de 538 euros mensuels en Ile-de-France, il est à craindre que les chiffres 2013 (à paraître dans les prochaines semaines) sur le nombre d’étudiants renonçant aux soins « explose », selon la Fage. Même le montant du droit d’accès à la médecine universitaire est en hausse de dix centimes par rapport à 2012.
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*Enquête « Conditions de vie des étudiants » – Observatoire national de la Vie étudiante – Janvier 2011
Photo © Philippe Devanne
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