L’augmentation annoncée, lundi 8 Juillet, par le ministère de l’Ecologie et de l’Energie reste en effet inférieure aux préconisations de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), qui avait recommandé le mois dernier une hausse de 6,8% à 9,6% des tarifs au 1er août de cette année, plus un rattrapage de 7,6% pour combler les hausses insuffisantes des années précédentes.
« Le gouvernement a décidé de lisser, sur plusieurs années, les hausses de tarifs nécessaires à la couverture des coûts d’EDF, prévue par la loi, afin de protéger autant que possible le pouvoir d’achat des ménages », a souligné le nouveau ministre de l’Energie Philippe Martin dans un communiqué.
M. Martin a reçu ce lundi les principales associations de consommateurs pour leur présenter les modalités de ces hausses, a-t-il précisé.
Pour limiter la note, le gouvernement a également décidé d’un geste envers les petits consommateurs en révisant à la baisse le coût des abonnements de faible puissance (3 kVa et 6kVa) auxquels souscrivent une majorité de Français.
Le montant de cette réduction n’a pas été détaillé. La hausse de 5% des tarifs au 1er août correspond elle à une augmentation moyenne de la facture annuelle d’un ménage d’environ 35 euros, et de 50 euros s’il se chauffe à l’électricité.
+28% depuis 2006
Après le pavé dans la mare d’une hausse d’au moins 14% suggérée par la CRE début juin, conséquence d’une forte réévaluation à la hausse des coûts d’EDF qui doivent en principe être couverts par les tarifs, le gouvernement avait promptement assuré qu’il n’était pas question d’augmenter aussi brutalement les prix.
Mais sous la menace d’éventuels recours en justice d’EDF et plus probablement de ses concurrents, une hausse significative apparaissait inéluctable.
La proposition de hausse de 5% cette année et l’an prochain –soumise à l’avis consultatif de la CRE et du Conseil Supérieur de l’Energie après saisine mardi– correspond d’ailleurs à la proposition faite par le Médiateur de l’énergie, l’autorité chargée de protéger le consommateur de gaz et d’électricité.
Ces nettes hausses pour 2013 et 2014 contrastent en tout cas avec les évolutions des années passées, qui ont souvent davantage traduit la frilosité des différents gouvernements à se saisir de la question toujours très sensible des hausses des prix de l’énergie.
Depuis 2006, après deux années de prix inchangés en 2004 et 2005, le tarif réglementé de l’électricité a certes augmenté chaque année, mais dans des proportions comprises entre 1,1% et 3%. Au total, en sept ans, le tarif de l’électricité a augmenté de 14,1%, selon les chiffres de la CRE, soit bien moins que ce qui était nécessaire.
Selon les calculs de la CRE, le tarif bleu d’EDF, destiné aux particuliers devait ainsi augmenter cet été de 6,8% à 9,6% –selon que la prolongation du parc nucléaire d’EDF est prise ou non comme hypothèse comptable– puis d’environ 3,2% en 2014 comme en 2015.
De plus, il fallait rajouter à ces hausses un rattrapage de 7,6% afin de compenser la hausse nettement insuffisante de ce même tarif les années précédentes.
Les hausses de deux fois 5% annoncées lundi ne seront toutefois pas suffisantes. La CRE a à de nombreuses reprises averti d’une hausse prévisible de 30% des prix de l’électricité entre 2012 et 2017.
De telles hausses, d’après le régulateur, sont nécessaires pour couvrir la progression nettement supérieure à l’inflation des charges d’EDF, et notamment ses dépenses croissantes pour entretenir et renforcer la sûreté du parc nucléaire hexagonal, mis en service entre 1975 et 1995.
Le tarif réglementé de l’électricité d’EDF regroupe le coût de production de l’électricité et celui des réseaux de transport et de distribution (Turpe), qui représentent environ 70% du prix. Viennent ensuite s’ajouter les taxes dont la TVA et la CSPE, une taxe spéciale qui finance principalement les surcoûts des renouvelables et des zones isolées.
Or cette taxe a également beaucoup augmenté depuis 2011, entraînant une progression de près de 9% du prix final payé par le consommateur. Au final, l’électricité en France pour les particuliers aura donc augmenté après le 1er août de quelque 28% depuis 2006, selon un calcul de l’AFP.
Même si le marché français a été ouvert à la concurrence en 2007, ce prix régulé reste la référence incontournable.
AFP
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