Cette année, comme en 2012, « la croisière se porte bien et ne subit pas la crise ». Thibaud Journot, responsable de l’agence en ligne azur-croisieres.com, est bien placé pour en témoigner. Chez ce spécialiste de la croisière, « les gens qui attendaient les offres de dernière minute se sont fait avoir ». Elles sont parties si vite qu’il n’en restait plus depuis longtemps.
Avec ses 481 000 passagers l’an dernier (+9% par rapport à 2011), le marché de la croisière maritime connaît une croissance continue dans le pays depuis 2007 (11.4% en moyenne sur six ans). MSC Croisières, numéro deux du secteur en Europe, table même sur une hausse de plus de 10% de ses passagers français cette année. Principale raison : des prix en baisse constante ces dernières années. « Même Costa Croisières, leader du marché européen, a été obligé de les baisser d’environ 20% pour suivre ses concurrents, constate Laurent Simmonet, responsable du site leguidedescroisieres.com. La croisière n’a jamais été aussi peu chère. Elle permet de partir huit jours en Méditerranée sur un bateau ultramoderne pour 500 euros par personne ».
Dans la majorité des agences de voyages aussi, l’engouement s’est ressenti, avec 20% de progression en volume pour les croisières chez le voyagiste Selectour. Les séjours se font à bord de navires toujours plus nombreux et imposants. Certains sont capables de transporter jusqu’à 6 000 passagers et sont remplis grâce à une nouvelle clientèle plus jeune et moins aisée. Des « primo croisiéristes » comme les appellent les professionnels, qui composent 50% des partants.
Familles à l’horizon
Car à en croire les acteurs du marché, la croisière n’est plus l’apanage des seuls seniors. « Beaucoup de clients qui ne connaissaient pas la croisière pensaient que cela demeurait élitiste et réservé à un public âgé, explique Thibaud Journot, responsable de l’agence Azur Croisières. Or la clientèle est devenue hyper familiale ».
Du coté du site leguidedescroiseres.com on confirme, chiffres à l’appui que depuis dix ans, « la moyenne d’âge des croisiéristes a chuté d’un an tous les ans, pour être aujourd’hui de 55 ans, voire même de 45 ans en période estivale. Tout cela grâce aux offres pour les familles, avec des animations ou des clubs pour enfants. Les bateaux sont devenus des parcs d’attraction flottants et ont contribué à démocratiser le produit ». Une clientèle attirée à coup d’ « offres découverte », telles que les mini-croisières de trois à cinq jours, très prisées des néo-croisieristes et des budgets plus serrés.
D’où une baisse du panier moyen des passagers, tombé à 1 137 euros en 2012 « et qui, logiquement, devrait continuer à baisser de l’ordre de 15 à 20% d’ici fin 2013 », avance Laurent Simmonet. Selon lui, « il y a 25 ans, 90% des gens sur les bateaux partaient en excursion organisée, contre la moitié aujourd’hui ». L’autre moitié se débrouillant pour visiter les escales par ses propres moyens, histoire de s’affranchir des 50 à 100 euros à débourser en moyenne pour une sortie. Une tendance générale sur les bateaux, où les touristes regardent plus sur la dépense à bord. Si le prix des séjours devraient, à terme, commencer à se stabiliser, la croissance du marché français devrait se poursuivre.
Dans son dernier rapport, la Cruise Line International Association, le syndicat mondial des croisiéristes, l’a décrit comme étant « l’un des marchés au potentiel de croissance les plus importants » au monde.
(Crédit photo Marie-Lan Nguyen)