Près de quatre ans après l’autorisation de vendre des médicaments en ligne, les pharmacies online peinent encore à décoller. La vente en ligne de médicaments ne représente pas plus de 1% du total écoulé.
Fin décembre 2012, la France a été l’un des derniers pays d’Europe (avec l’Italie) à autoriser la vente en ligne de médicaments non soumis à prescription et de produits parapharmaceutiques. Quatre ans plus tard, un peu moins de 350 sites ont obtenu l’agrément des autorités de santé pour vendre leurs produits en ligne.
Dans l’intervalle, ces opérateurs ont capté environ 1% (en valeur) du marché des médicaments non soumis à prescription, soit environ 20 millions d’euros (en 2015) pour un marché global évalué à 2,2 milliards, et guère plus de 2% du marché de la parapharmacie, malgré des prix inférieurs de 20 à 30% en moyenne par rapport aux officines traditionnelles.
Selon Cyril Tétart, pionnier de la pharmacie en ligne et fondateur du site lasanté.net, on en est encore qu’aux balbutiements, sur un marché qui a besoin de temps pour atteindre sa maturité. « Dans la plupart des pays d’Europe où la vente en ligne a été autorisée bien plus tôt que chez nous, rappelle-t-il, elle représente environ 15% du marché total, ce qui est à peu près le pourcentage que l’on atteint sur un marché considéré comme mature, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. »
Le potentiel est là
Le fait est qu’avec huit à dix ans de recul supplémentaire par rapport aux Français, les consommateurs de la plupart des pays européens ont beaucoup mieux intégré cette possibilité dans leurs réflexes d’achat au quotidien. Il est vrai aussi qu’en France, les contraintes qui pèsent sur les pharmaciens présents sur Internet sont plus nombreuses et restrictives que dans d’autres pays.
Chez nous, les grossistes en médicaments, les laboratoires pharmaceutiques ou les pharmaciens sans officine n’ont ainsi pas le droit d’ouvrir un site de vente. Ce qui n’est pas le cas partout. Résultat : « Les seuls gros opérateurs qui existent sur ce marché en Europe ne sont pas français », observe Cyril Tétart, navré que « notre législation rende impossible la constitution d’un groupe comme le Néerlandais Shop-Pharmacie ». Le potentiel est pourtant là : la plupart des gens qui achètent un jour de l’aspirine ou des vitamines sur Internet deviennent des fidèles.
Le facteur prix, mais aussi la possibilité de commander 24/7, la livraison à domicile ou au bureau, le gain de temps… sont autant d’atouts pour la vente en ligne. Les consommateurs ne s’y trompent pas : parmi les clients-types, on trouve en effet la femme active de 40 ans, mère de famille citadine et pressée, mais aussi le couple âgé qui trouve avantage à se faire livrer dans sa ferme isolée, plutôt que de faire des kilomètres en voiture, à ses frais, pour rejoindre la pharmacie la plus proche.
Malgré la quasi-interdiction de publicité qui frappe les pharmacies virtuelles, ces clientèles là risquent de continuer de croître. Lentement mais sûrement.
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