Le poste alimentation est considéré comme « dépense prioritaire » par 16% des ménages français les plus modestes, contre 11% six ans auparavant. Un poids dans le budget auquel peinent à faire face chômeurs comme travailleurs précaires, étudiants ou retraités.
Les chiffres dévoilés par l’Insee à l’automne dernier sur les prix à la consommation ne sont guère rassurants : les prix de l’alimentation ont continué d’augmenter en France en 2013 (+0.2% sur douze mois). Dans le détail, les produits alimentaires hors produits frais ont progressé de 0.6%, quand le prix des produits frais a diminué de 2.4%. Sont notamment montrés du doigt riz, pâtes et café, ces produits alimentaires « de première nécessité » dont le taux de TVA est resté à 5.5% au 1er janvier. Un moindre mal pour les ménages en difficulté. « Prenez l’exemple d’une femme qui vit seule avec ses deux enfants, qui veut conserver son logement, qui travaille à temps partiel et touche le Smic. Il est impossible que son budget tienne la route », explique Alain Seugé, président de la Banque alimentaire.
Selon le ministère du Travail, la France comptait l’an dernier 4,2 millions de travailleurs à temps partiel (18.6% des salariés). Un chiffre qui a plus que doublé en trente ans. Cette population salariée a fait son apparition dans les épiceries sociales et associations d’aide depuis quelques années. « On s’éloigne de plus en plus du stéréotype du SDF ou du migrant démuni, poursuit Alain Seugé. Nous faisons face à un nombre croissant de personnes qui ont eu un accident de la vie et qui sont tellement près du minimum qu’au moindre incident, elles basculent en situation de précarité si elles ne sont pas aidées immédiatement. »
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27% du budget des ménages en 2012
L’an dernier, le panier moyen des ménages français a atteint son record historique, selon l’observatoire Familles rurales, à 138,63 euros (+1.37% sur un an). Pour le président de la Banque alimentaire, pourtant, le problème est ailleurs. « Quelqu’un qui gagne 800 euros par mois, qui a 500 euros de loyer, un abonnement téléphonique ou autres commence le mois avec moins de 200 euros, déplore Alain Seugé. Le problème n’est pas que les produits alimentaires soient trop chers, c’est le reste à vivre qui est insuffisant ». Plafonner le prix des pâtes, du riz ou du café ? « C’est utopique, dans une économie libérale, de croire au retour à un contrôle des prix tel que je l’ai connu adolescent », coupe t-il. Quoiqu’il en soit, la baisse du pouvoir d’achat en 2012 (-0.9%) n’a pas aidé les ménages.
L’an dernier, selon l’association Unaf/Familles de France, les Français ont consacré 732 euros par mois à l’alimentation*. Soit 27% du budget total du foyer, juste derrière le logement (738 euros mensuels). Toujours d’après l’Unaf, au deuxième trimestre 2013, la part de dépenses consacrée par les ménages à l’alimentation a augmenté de 3% par rapport à 2012. Le prix des légumes et fruits a notamment bondi de 5.8% et de 12.6%.
*Pour une famille comprenant deux adultes et deux enfants de 6 et 12 ans.
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