Que doit-on retenir de cette quarantième étude ?
M.-F. M. : Il y a d’abord une constante : le coût de la scolarité reste un poste important dans le budget des familles, et notamment des familles modestes. Si l’on prend le cas de l’enseignement professionnel, on s’aperçoit que depuis notre première étude en 1973, le coût de la rentrée scolaire représente 70% du Smic. Nous notons également que les frais annexes, comme la restauration, pèsent sur le budget des familles. Quand on a un prix de repas qui atteint trois à quatre euros en moyenne, c’est une facture énorme à la fin du mois pour une famille de trois enfants.
Vous annoncez une baisse de 4 % du coût de la scolarité. A quoi l’attribue t-on ?
M.-F. M. : Tout d’abord, les critères d’étude ne sont pas forcément les mêmes que ceux du Ministère ou d’autres associations de familles. Nos calculs se basent sur le mode de consommation des familles, leurs achats et leurs dépenses. Dans le contexte de crise économique et sociale que nous vivons nous avons noté, par exemple, une baisse importante des dépenses en matière d’équipement sportif (chaussures, survêtements etc…). Sur ce poste, on évite les achats de marque. On voit que la crise commence à modifier les comportements d’achat. En plus de cela, concernant les fournitures, il y a une baisse du prix de la pâte à papier. Il faut y ajouter le fait que l’an dernier, il y a eu l’effet d’annonce de la hausse de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) de 25%. Les gens se sont autorisés à acheter, mais sont revenus à des positions beaucoup plus raisonnables en 2013.
Le coût des différentes options ou formations a t-il un impact sur les choix d’orientation ?
M.-F. M. : Il y a certainement des renoncements qui se font à différents niveaux : au niveau de l’enseignement professionnel, quand l’école est trop éloignée, ou de l’enseignement supérieur quand l’entrée dans une école est liée à un concours. Pour s’inscrire à un concours, s’il faut verser 100 euros, on n’en passe pas dix. Cela réduit les chances de faire le métier que l’on souhaiterait faire, on est alors obligé de choisir une autre orientation.
Pour cette rentrée, quelle sont vos revendications ?
M.-F. M. : Principalement le passage du taux de TVA à 5,5% sur les fournitures, que l’on considère comme des produits de première nécessité. Nous demandons aussi une modulation de l’ARS, de sorte à ce qu’elle soit plus importante pour le lycée. Pour les jeunes, nos prônons la mise en place d’un revenu d’autonomie basé sur un accompagnement : un contrat avec le jeune (qu’il étudie ou soit en recherche d’emploi) et un revenu qui soit un revenu, pas une allocation. De sorte à ce qu’on lui donne un vrai statut et une vraie place dans la société.
Quels conseils budgétaires donneriez-vous aux familles ?
M.-F. M. : De regarder les prix et le rapport qualité/prix. Les familles doivent aussi avoir une attitude de consommateur avertis, et ne pas hésiter à reprendre les choses de l’année passée qui sont encore en bon état. Il serait bon de garder les cahiers, les notes des années passées, histoire de développer chez l’enfant une notion de capitalisation des acquis. Par exemple, un cahier de chant ou de poésie devrait commencer en maternelle et se terminer en CM2. Ce serait une sorte d’anthologie, où chaque enseignant met de sa personnalité. On aurait quelque chose de riche. Mais on ne sait pas encore suffisamment exploiter cela.
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