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Camping-car : une passion à 45 000 euros

Le camping-car est plus qu’un véhicule, c’est un véritable mode de vie pour des dizaines de milliers de passionnés, pour qui la question du coût à l’usage n’est pas la priorité. La France compte le deuxième parc roulant en Europe.

Cela fait trente ans que, à l’heure de partir en vacances, Yves quitte la région parisienne au volant de son camping-car. A bientôt 70 ans, ce retraité est un convaincu. « J’étais un adepte du camping sous la tente, puis j’ai suivi le mouvement, d’abord avec le camion aménagé », se souvient-il. Aujourd’hui, Yves parcourt chaque année « environ 12 000 kilomètres », de l’Irlande à l’Ile de Ré, avec son véhicule de 6,60 mètres, qu’il utilise une centaine de jours par an.

Dans la moyenne du camping-cariste français, qui sillonnent nos routes environ 70 jours pour une distance de 14 305 kilomètres, selon les chiffres de l’Uni-VDL, qui regroupe les industriels du secteur. Malgré une consommation oscillant entre 10 et 15 litres/100km, pour Yves, le camping-car « est comme une voiture, jamais complètement amorti, avec un coût d’entretien qui revient à peu près au même ». Le ratio coût/avantages s’équilibrerait sur la durée. L’économie financière n’arrive d’ailleurs qu’en quatrième position des raisons d’achat d’un tel véhicule, loin derrière l’idée de « se faire plaisir », le changement de mode de vie ou le plaisir de voyager en famille*.

Pourtant, le prix moyen d’un camping-car neuf tourne autour de 45 000 euros, les modèles les plus chers atteignant 300 000 euros. « Ils sont stables ces dernières années, sachant qu’ils varient en fonction du prix du châssis, qui est fourni par des constructeurs automobiles -Fiat, Ford…- », explique Caroline Nagiel, déléguée générale d’Uni-VDL. Des montants qui n’effraient pas les acheteurs : avec 405 381 camping-cars en circulation, la France est au coude à coude avec l’Allemagne pour le titre de parc le plus grand d’Europe en la matière.

Pleins feux sur l’occasion

Le marché français se porte bien. « Les ventes ont connu un bel essor entre 1996 et 2006, avec une progression moyenne de 15% par an, rapporte Caroline Nagiel. La caravane a été un peu délaissée et la part de rêve née de l’image américaine du véhicule, un peu flower power, a joué. » Il s’est immatriculé l’an dernier en France 16 667 camping-cars neufs (-6%), soit autant que d’Alfa Roméo, de Lancia et de Smart réunies**.

Des chiffres qui se stabilisent sur les huit premiers mois de l’année (-3%), après avoir subi les soubresauts de la crise de 2008. Ce qui tire le marché, c’est la santé affichée par le secteur de l’occasion, sur lequel 47 745 véhicules ont trouvé preneur l’an dernier (-1.3%, mais +12.1% depuis début 2014). Ici, contrairement au neuf, l’argument budgétaire vient en premier pour 58% des acquéreurs. Des acheteurs dont l’âge moyen frise les 60 ans (58, contre 54 ans pour une voiture classique). Parmi eux, « une majorité de seniors actifs, des baby-boomers qui ont connu mai 68 », glisse Caroline Nagiel.

Les clients sont attirés par des cabines de mieux en mieux sonorisées, des motorisations qui progressent et des équipements de série qui montent en gamme. Les possibilités de personnalisation de l’espace intérieur, de plus en plus poussées, séduisent aussi. Yves, lui, change « tous les huit à dix ans » de camping-car. L’actuel sera « sans doute l’avant-dernier ». Camping-cariste jusqu’au bout. Il le répète, le motorhome, comme l’appellent nos voisins Belges, « c’est plus que de l’économie, c’est une affaire de passionnés ».

 

*Observatoire Cetelem du camping-car, 2013

**Soit 18 116 exemplaires de véhicules particuliers à elles trois -données CCFA-.

© meskolo – Fotolia.com

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