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La double peine des handicapés

Plusieurs centaines de milliers de personnes font l’objet d’une hospitalisation chaque année en France, à la suite d’un accident de la vie courante ou de la route. Pour les handicapés, des conséquences sociales et financières se greffent souvent aux maux physiques et psychologiques.

« Avec les accidents de la vie, du jour au lendemain, les gens basculent complètement », insiste d’emblée Jean-Pierre. A 59 ans, cet ancien patron d’une PME de sept salariés sera officiellement en retraite le 1er juin. Sans doute pas tout à fait comme il l’espérait, lui qui a dû lâcher les commandes de sa société en 2005, après qu’on lui ait détecté une forme rare de maladie des os, doublée depuis par un cancer. S’en sont suivies quelques années à encadrer des personnes elles aussi handicapées, malgré les douleurs qui l’empêchent de vivre normalement, et l’obligent à porter attelle et chaussures spéciales. A cela s’est ajoutée « une division par trois de mes revenus, explique t-il. Avant, je touchais entre 3 000 et 3 500 euros, aujourd’hui à peine 1 200 ».

Avec un budget médicaments de l’ordre de 40 à 60 euros par mois, « en plus des consultations chez le médecin, des franchises médicales et des dépassements d’honoraires », Jean-Pierre a dû s’adapter. « Avec 800 euros de salaire et le reste versé par la sécurité sociale en raison de mon invalidité, je fais attention à mes déplacements, je cherche le meilleur prix sur l’alimentation, je pars moins en vacances, etc. ». Ses deux enfants ont grandi et travaillent. Jean-Pierre, qui vit désormais seul, « gagne trop » pour bénéficier de l’allocation d’adulte handicapé :« Je m’en sors car j’ai la chance d’être propriétaire, confie t-il. Je touche également trop pour bénéficier de l’aide au logement. Si j’avais un loyer en plus, je ne sais pas comment je ferais ».

Un risque de « régression »

Les situations comme celles-là, l’Association des paralysés de France (APF) les connaît bien. Trop bien, même. Après un accident ayant entraîné un handicap, « il est difficile de conserver son niveau de vie et son pouvoir d’achat antérieurs, affirme Véronique Bustreel, conseillère nationale Travail, emploi, formation et ressources de l’APF. Il y a des situations où les personnes vont reprendre leur travail, si oui avec la même rémunération ou pas, et d’autres où elles vont perdre leur emploi. Le handicap accentue la précarité, et confine à un pouvoir d’achat limité ».

La perte d’emploi, source de perte de revenus, est dans le viseur de l’APF. Laquelle rappelle qu’une personne handicapée met, en moyenne, plus de quatre mois à retrouver un emploi. Les handicapés sont aussi deux fois plus au chômage que les valides et un tiers d’entre eux le reste plus de deux ans. « La personne qui ne peut plus travailler va bénéficier de l’allocation adulte handicapé. Mais certaines situations de handicap vont générer des coûts. Or le montant de l’allocation est de 780-790 euros, sous le seuil de pauvreté. C’est une forme de régression pour celui qui travaillait avant », déplore Véronique Bustreel. Et les défis ne manquent pas. « Se pose la question du logement, de l’accès à l’énergie, aux soins, dont une partie ne sont pas pris en charge, rappelle l’APF. Il est également de plus en plus question de l’accès à l’alimentation ».

Jean-Pierre, lui, est amer. Au point de se demander s’il « ne vaut pas mieux être chômeur que malade ». Il ne devrait pas reprendre son travail avant de partir en retraite.


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