Pratique courante dans les autres pays d’Europe, le voyage en bus sur de longues distances n’est pas une habitude française. La loi Macron est en passe de libéraliser le marché national de l’autocar. Présentation d’un mode de transport qui a ses avantages.
Atout majeur du voyage en bus, son prix. Comptez entre 19 et 39 euros pour un trajet Paris-Lyon (6h30) contre 65 et 95 euros pour un billet de train sur la même distance (1h58). L’ouverture du marché entraînera une hausse accrue de la concurrence et donc une compétition sur les prix. De plus, « le fait de voyager de nuit permet d’économiser une chambre d’hôtel », remarque Sonia Arhainx, responsable du marché autocar longue distance de Transdev. Cette compagnie française a lancé, début juin, son offre Isilines avec 17 nouvelles lignes desservant une cinquantaine de villes en France.
Deuxième atout, le réseau. « Nous attendons le feu vert du gouvernement pour développer un maximum de lignes, le but étant d’avoir un maillage dense. L’avantage avec le bus c’est qu’il est facile de rajouter des lignes », précise la responsable. Dans certains cas de figure, le bus est même plus rapide. « Nous proposons une ligne Bordeaux-Clermont-Ferrand en 5h30 », détaille-t-elle. Contre 8h en train, correspondances obligent. A noter que la distance minimale autorisée pour les trajets n’a pas encore été définitivement fixée par la loi mais sera de 100 ou 200 km.
Les voyages en bus sont assez longs et réputés inconfortables. Les compagnies veulent casser cette image. Wifi, lecteurs DVD, sièges inclinables ou encore compartiments pour plusieurs bagages, les efforts de services sont de mise. « Les jeunes actifs, les étudiants et les seniors sont ultra-connectés, il nous fallait absolument du wifi haut débit dans nos bus », explique Sonia Arhainx.
Créer une « culture du voyage en bus »
La responsable d’Isilines est catégorique : « Nous devons faire découvrir une culture du voyage en bus qui n’existe pas en France ». En effet, 30 millions de personnes empruntent l’autocar chaque année en Grande-Bretagne contre 110 000 seulement en France. Et pour cause, seul le cabotage –dépôt de voyageurs en France lors d’une traversée internationale à condition que seule la moitié des passagers soient Français- est autorisé pour les compagnies privées de bus.
Une fois le marché libéralisé, les offres se multiplieront. La Fédération nationale des transports table sur 50 à 100 nouvelles lignes cet été. Les acteurs sont nombreux et tout le monde est déjà prêt : Megabus, filiale du britannique Stagecoach vient de créer sa base logistique à Lyon et d’embaucher 35 personnes. L’allemand Flixbus a multiplié les trajets à destination des villes françaises avec l’ambition de devenir leader du marché. IdBUS, la filiale de la SNCF, prévoit 80 nouveaux véhicules pour la rentrée. Quant à Starshipper, une coopérative française d’autocaristes, elle a déjà complété son offre avec trois nouvelles lignes.
Et qui dit nouveau marché, dit prix d’appel : ainsi, pour le plus grand bonheur des voyageurs, les compagnies présentent déjà des offres de 1 à 5 euros pour des trajets en bus en France et à l’étranger. Reste à attendre que le loi soit promulguée.
Marine Couderette – © Taina Sohlman – Fotolia.com