La mise en service de 150 nouveaux radars en 2013 a largement contribué à grossir les recettes liées aux infractions routières. Sur un total de 1 666 millions d’euros récoltés par l’Etat -pour 26 millions de procès-verbaux dressés-, les radars ont rapporté 613 millions d’euros.
Les radars automatiques ont fêté leurs dix ans de fonctionnement l’an dernier. Avec 613 millions d’euros collectés en 2013, ils représentent aujourd’hui la première recette provenant des infractions routières (36.7% du total), loin devant les amendes pour stationnement (500 millions d’euros). Les 4 250 radars automatiques disposés au bord des routes de France n’ont donc pas chômé et rapporté environ 145 000 euros par machine. C’est toutefois moins qu’en 2012 (entre 650 et 700 millions d’euros collectés), les radars automatiques ayant moins flashé sur les dix premiers mois de 2013 (15 millions de crépitements) qu’en 2012 sur la même période (17 millions).
Un paradoxe que Pierre Chasseray, secrétaire général de 40 millions d’automobilistes, explique par le fait qu’« en 2013, moins de radars ont été posés (150 contre 211 en 2012, ndlr). Ils flashent beaucoup la première année et moins ensuite, parce que les gens sont au courant ». Selon lui, les radars automatiques devraient continuer de fleurir aux bords de nos routes car « aujourd’hui, on cherche des moyens de garder le système rentable, sinon on devra le supprimer. Or à trop vouloir le rentabiliser, il devient inacceptable socialement ».
En ligne de mire de l’association, non pas le montant de l’amende, mais le seuil de tolérance. « Les amendes entre 0 et 20km/h représentent plus de 90% des flashs, affirme Pierre Chasseray. Les grands excès de vitesse, eux ne constituent que 1% des infractions ». Le montant de l’amende varie de 45 euros (minoration pour un dépassement de 0 à 20km/h hors agglomération) à 135 euros, le tarif forfaitaire.
Un quart à la sécurité routière
Les contestations, elles, représentent quelque 160 millions d’euros collectés, répartis dans un pot commun avec l’argent récolté avec les infractions de stationnement. Cette manne (26% du total) des contestations d’excès de vitesse liés aux radars automatiques sont reversés aux communes (100 millions d’euros) et aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI, 60 millions d’euros). Le tout servant à leur politique de sécurité routière et d’aménagement de la voirie.
De bonnes intentions qui ne calment pas les revendications des associations de défense des usagers de la route. « Il faut sauver le soldat radar, car de moins en moins de gens pensent que c’est un outil de sécurité, avance M.Chasseray. On est dans une phase de justification permanente qui prouve que ça ne fonctionne pas ».
A en croire le secrétaire général de 40 millions d’automobilistes, « on flashe de plus en plus alors qu’il y a de moins en moins d’accidents. S’ils flashent, c’est que les gens prennent des risques, or 19 millions de flashs, ça ne veut pas dire qu’il y ait 19 millions d’accidents. C’est totalement incohérent ». La gestion de la circulation routière ne manque en effet pas de paradoxes : le nombre de morts sur les routes, qui avait baissé de 11% (3 250 décès) en 2013 a augmenté de 28% en mars 2014, selon les derniers chiffres de la Sécurité routière.
* Agence nationale de traitement automatisé des infractions **Fichier national du permis de conduire / Source mission interministérielle pour le projet de loi de finances 2013 – 40 millions d’automobilistes
Illustration Wikimedia Commons/C.Killer