Janvier 2011. Pour sa retraite, Nicole a tout prévu. Un an avant la date fatidique, elle se trouve un petit boulot, en complément de sa fonction d’assistante de direction à la faculté de médecine de Bordeaux. Une manière, croit-elle à l’époque, d’augmenter le taux de sa pension, son employeur ne pouvant lui offrir de contrat a mi-temps « pour des raisons de budget ». Le job de conseillère en voyance par audiotel qu’elle s’est trouvé n’est pas sa passion mais qu’importe, les 150 à 200 euros -imposables- qu’ils lui rapportent devraient l’aider à boucler ses fins de mois. D’autant qu’elle touche déjà quelque 1 500 euros de salaire de la faculté. Las, le cumul « n’a rien modifié » dans le calcul de sa pension. A la retraite depuis plus de deux ans, Nicole continue de travailler à raison de deux heures tous les soirs -et parfois le week-end- pour cinq euros de l’heure hors taxe. A bientôt 63 ans, avec à peine 1 000 euros de pension, la voici parmi les 7% de retraités français qui ont occupé un emploi en marge de leur retraite en 2012, selon une étude publiée par l’Insee en juin. Ils étaient deux fois moins il y a six ans.
Obligés de vendre la maison
Le cumul emploi-retraite a été encouragé en 2009 par l’allègement des conditions de reprise d’un travail par les retraités. Un assouplissement de la réforme Fillon de 2003 qui avait pour but de soulager les retraités dont la pension était insuffisante pour vivre. C’est le cas de Nicole et de son mari, fonctionnaire à la retraite (qui touche une pension d’un peu moins de 2 000 euros), dont les comptes sont plombés par les charges. Ils font face à un rachat de prêt (environ 1 300 euros par mois), « plus 170 euros de gaz et d’électricité et d’autres petits emprunts, en plus de 3 000 euros d’impôts par an », égrène t-elle. Une situation difficile à tenir qui oblige le couple à une multitude d’arbitrages. « Nos deux pensions passent dans les charges, elles ne nous suffisent pas du tout pour vivre, insiste t-elle. Pour les vacances, nous ne ferons pas de folies. Nous n’irons pas au restaurant, nous éviterons de trop sortir ». La situation est telle que pour faire face à ses charges, le couple de retraités est obligé de mettre en vente sa maison. Un crève-cœur, qui révolte Nicole. « Les retraités sont les parias de la société, ils ne sont inexistants, peste t-elle. On devrait être mieux considérés ne serait-ce que pour avoir donné du temps à l’industrie du pays ». En attendant de meilleurs jours, Nicole cherche une autre solution. Elle aimerait s’occuper des personnes âgées. Par envie, et par besoin de vivre des fins de mois moins stressantes. Selon l’Insee, 49% des retraités qui travaillent le font parce que leur retraite « ne leur suffit pas pour vivre ».
Crédit photo : Wikimedia – D.Rees
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